Témoignages

Cécile Vernochet, post-doctorante PremUP, nous présente son projet de recherche : « Des protéines d'origine virale jouant un rôle bénéfique dans le développement du placenta ? »

Un processus clé dans le développement du placenta humain est la fusion de cellules d'origine foetale, les trophoblastes, pour former une structure appelée syncytiotrophoblaste.

C'est à travers ce syncytiotrophoblaste qu'auront lieu les échanges de nutriments, gaz et déchets entre les circulations sanguines maternelle et foetale. En outre, le syncytiotrophoblaste produits des hormones indispensables à la grossesse.

Toute altération de la formation de ce syncytiotrophoblaste entrave le fonctionnement du placenta et s'associe à un défaut de croissance du foetus.

Nous connaissons actuellement très peu de choses sur les acteurs intervenant dans la fusion des trophoblastes. De façon surprenante, une avancée dans ce domaine est venue de la découverte de gènes initialement utilisés par des virus pour fusionner avec leur cellule hôte et ainsi permettre son infection.

Il y a plusieurs dizaines de millions d'années, ces gènes de virus se sont intégrés dans le génome humain et fonctionnent depuis comme des gènes « classiques ». Les protéines codées par ces gènes, appelées syncytine-1 et syncytine-2, sont exprimées spécifiquement au niveau du placenta et sont capables d'induire la fusion de cellules en culture. De fait, il a déjà été démontré que la syncytine-1 était impliquée dans la fusion de trophoblastes humains en culture. Une autre protéine de type syncytine, appelée ERV-3, n'est pas impliquée dans la fusion, mais se trouve particulièrement exprimée dans des syncytiotrophoblastes en dégénérescence libérés dans le sang maternel.

La mise en place et l'entretien d'un processus de fusion coordonné et régulé sont fondamentaux pour le succès de la grossesse. Les syncytines pourraient faire partie des acteurs impliqués dans le processus de fusion des trophoblastes.

Le but de notre projet est de mieux comprendre le rôle de ces protéines d'origine virale dans la physiologie du placenta ainsi que leur implication dans certaines pathologies de la grossesse.

Nous souhaitons :

  • Démontrer l'implication éventuelle de la syncytine-2 dans le processus de fusion des trophoblastes
  • Mettre en évidence d'éventuelles altérations de l'expression des syncytines dans des contextes pathologiques où un défaut de fusion des trophoblastes a été décrit, comme la trisomie 21
  • Développer un test de détection de la protéine ERV-3 libérée dans le sang maternel. En effet, chez les femmes atteintes de pré-éclampsie de grandes quantités de syncytiotrophoblastes en dégénérescence sont relargués dans le sang maternel. La protéine ERV-3 étant exprimée fortement dans ces structures, nous espérons à terme pouvoir développer un test sanguin précoce de détection de la pré-éclampsie.

Cécile Vernochet - Janvier 2009

Hugues, papa de Axel 2 ans né à 5 mois 1/2

Quand Axel est né, il tenait dans ma main. J'ai suivi la couveuse de la salle d'accouchement jusqu'à la « réa ». Là, ils m'ont expliqué ce qu'ils allaient faire, ils m'ont montré le matériel qu'ils allaient utiliser pour installer tuyaux et capteurs pour qu'il vive. Après, je suis retourné auprès de ma femme, pour la préparer à sa première rencontre avec notre fils.

Axel allait mieux. Cinq jours après la naissance, les infirmières ont proposé à ma femme son premier « peau à peau ». Et moi alors ? J'étais le papa ! Je voulais mon « peau à peau » avec mon fils. Cette demande a paru incongrue, mais j'ai insisté, prêt à m'épiler la poitrine si nécessaire. J'ai eu mon « peau à peau » et Axel a « ronronné », bien au chaud contre moi. On a recommencé et ça nous faisait du bien à tous les deux. Plus tard, je l'ai changé, je l'ai baigné : c'est vraiment important d'impliquer aussi le papa !

Un oncle nous a prêté un appartement, situé entre la maternité et mon travail. Ainsi, j'ai pu aller voir Axel facilement et régulièrement.

Je n'allais à l'hôpital que lorsque j'étais suffisamment en forme pour lui transmettre mon énergie, une demi-heure, une heure, trois heures, dix minutes, une ou plusieurs fois par jour. Je ne me suis jamais forcé.

Notre vie s'est organisée dans cet univers, devenu notre famille pour quelques mois : j'apportais des douceurs aux infirmières, nous avions décoré la chambre d'hôpital d'Axel et y écoutions de la musique. Nous sortions aussi en amoureux avec ma femme, c'était une situation bizarre. Mais Axel s'accrochait et nous avions confiance en lui. C'était et c'est toujours un battant : ainsi lors d'une petite rechute, Axel a du être intubé : trois jours après il s'est ex tubé : il n'en voulait plus, … et il n'en a plus eu besoin ! Aujourd'hui, Axel et moi, on joue aux petites voitures, et on chahute beaucoup. On a gardé un capteur et une minuscule couche de « préma » : C'est pour lui. C'est son histoire.

Hugues - Décembre 2008

Frédérique, maman de Axel 2 ans né à 5 mois 1/2

Je suis une « fille DES (distlbène) » ; une future maman « distilbène » risque de ne pas mener sa grossesse à terme. La recommandation du corps médical pour limiter ce risque : à trois mois de grossesse, rester couchée et, dans mon cas, cerclée. Pas facile quand on déborde d'énergie et que l'on se sent bien. Après tout la grossesse n'est pas une maladie.

Au départ, je pouvais me lever 6 heures par jour, ce dont je ne me privais pas ! Tout allait bien d'ailleurs. Et puis, un jour, alors que j'étais enceinte de 4 mois ½, j'ai eu des contractions, violentes, fréquentes, de celles qui font accoucher. C'était beaucoup trop tôt. Ce fut l'alerte : sous traitement médicamenteux, soutenue par mon époux, je n'ai plus posé le pied par terre. Il fallait tenir pour que notre enfant voie le jour.

Axel est né à 5 mois ½. Son tout petit corps s'est accroché à la vie. Il a traversé la réanimation, les soins intensifs et nous a donné à mon mari et à moi l'énergie de croire en lui. Ensemble nous nous sommes battus.

Nous allions nous en occuper tous les jours, soutenus par l'équipe médicale de Saint-Vincent de Paul - Cochin - Port-Royal. Leur professionnalisme est pour beaucoup dans l'heureuse issue de cette histoire.

Axel a bientôt 2 ans maintenant. Il est beau, en pleine santé et souriant et nul ne soupçonne, en bas du toboggan, dans la cour de la crèche, qu'il est un «grand préma ». Chaque jour qui passe, il nous prouve encore sa grande vitalité. Aujourd'hui, je souhaite soutenir, par mon témoignage, l'action des chercheurs et des soignants de PremUP qui oeuvrent au quotidien pour la prévention de la prématurité et la protection de ces enfants nés trop tôt.

Frédérique - Juillet 2008

Ouahira et Idris

Témoignage de Charlotte Pierron